Le projet de Boscoville impliquait une rupture avec la tradition de formation professionnelle propre aux anciennes écoles de réforme. Pendant longtemps, dans ces anciennes institutions, on avait préféré apprendre un métier manuel aux délinquants (cordonnerie, menuiserie, mécanique, etc.) plutôt que de les scolariser. On estimait généralement que leur potentiel intellectuel était insuffisant. Établissant un lien entre les domaines émotionnel et intellectuel, Boscoville a plutôt choisi de donner une deuxième chance au projet de scolarisation de ces jeunes par l’intermédiaire d’un programme d’enseignement individualisé, conçu et développé sur place.
Ce système appelé « le Boulot » s’appuyait sur des fiches plutôt que sur un enseignement magistral classique. L’adulte responsable pouvait ainsi accorder toute son attention au cheminement individuel de chacun des garçons. Un nombre significatif de témoins de notre enquête ont apprécié cette méthode (délaissée dans les années 1980). Comme beaucoup de pensionnaires de Boscoville, qui avaient auparavant éprouvé des problèmes dans le milieu scolaire régulier, ils ont apprécié cette méthode grâce à laquelle ils ne se sentaient pas dénigrés. Or l’approche ne fut pas miraculeuse. Quelques anciens nous ont avoué, bien candidement, avoir peu progressé dans leurs études à Boscoville…