Au cours des premières décennies, une équipe de jeunes éducateurs, confiants d’incarner une révolution thérapeutique, s’évertua à développer un système rééducatif complexe qui mobilisait les sciences de la psyché et de la pédagogie moderne. La cure boscovillienne s’organise alors autour de quatre étapes de développement : accommodation, contrôle, production, personnalité. En principe, le délinquant doit toutes les franchir avant de quitter l’institution; dans la réalité ce n’est pas toujours le cas.
Pièce maîtresse de la production théorique conçue à Boscoville, cette théorie des étapes de la rééducation est inspirée de Jean Piaget et de plusieurs autres penseurs. C’est Gilles Gendreau qui la conçoit au début des années 1960. Si l’idée d’étapes de rééducation avait déjà été perçue par un certain nombre d’auteurs, il faut reconnaître à ce pionnier et à ses collaborateurs de l’avoir développée et, surtout, appliquée dans des cadres concrets à Boscoville. Sommaire au début des années 1960, la théorie fait l’objet d’un développement dans le cadre d’une thèse de doctorat soutenue par Jeannine Guindon, en 1969. L’ouvrage sera publié à Paris l’année suivante. À partir des années 1980, cette approche fondatrice sera peu à peu délaissée.