Ce site s’inscrit dans un projet de recherche sur l’histoire Boscoville dirigé par l’historienne Louise Bienvenue. Il met en valeur une trentaine de témoignages récoltés dans le cadre d’une enquête orale menée entre 2012 et 2015. Formulés plusieurs années après la fermeture de l’internat, ces récits nous éclairent sur l’expérience de Boscoville et sur les traces mémorielles qu’elle a laissées. En plus de soupeser les effets à long terme des innovations thérapeutiques mises de l’avant au sein du centre de la Rivière des Prairies, notre enquête vise à consigner pour les générations à venir la mémoire d’une institution québécoise unique, qui a marqué la seconde moitié du XXe siècle.
Pour retracer l’histoire de Boscoville, les archives écrites sont utiles mais bien incomplètes. Il faut aussi tendre l’oreille vers ceux et celles qui ont vécu Boscoville. Profitant de ce que plusieurs d’entre eux étaient encore vivants, nous avons chercher à récolter leurs souvenirs. L’enquête a rejoint des anciens éducateurs ainsi que d’anciens résidents de Boscoville en vue de dresser un portrait global de la relation d’aide. Entre 2012 et 2015 principalement, nous avons mené 29 entretiens, soit 13 avec des pionniers et des psychoéducateurs du Centre, et 16 avec d’anciens pensionnaires (voir les tableaux des témoins).
Optant pour une approche qualitative, nous ne pouvions pas viser la représentativité statistique. Pour autant, nous avons tenté de recueillir la plus grande variété d’expériences possible. Afin de rejoindre les anciens, une invitation générale fut lancée sur Facebook ainsi que sur un site Web conçu pour l’occasion : la grande majorité de nos répondants ont été recrutés ainsi. Nous avons aussi contacté l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec pour repérer d’autres anciens résidents. Enfin, les réseaux informels d’anciens psychoéducateurs et d’anciens « citoyens » de Boscoville ont facilité la prise de contact avec quelques-uns de nos témoins.
Nos entretiens semi-dirigés furent d’une durée moyenne d’une heure quinze chacun. La plupart ont eu lieu sur le site même de Boscoville afin de stimuler la résurgence mémorielle. La vaste majorité a aussi fait l’objet d’une captation vidéo. Le matériel récolté, on s’en doute, comporte des biais, malgré nos efforts pour favoriser sa diversification. On constate, par exemple, que la plupart des anciens rencontrés ont conservé un souvenir assez positif de leur passage par Boscoville. La recherche comporte ainsi son angle mort : combien parmi ceux et celles qui n’ont pas répondu à notre appel ont des souvenirs négatifs, voire douloureux, de l’institution ? Pour cette raison, on ne peut affirmer que les témoignages récoltés sont représentatifs en tous points de l’expérience des anciens. Hautement significatifs, ils permettent néanmoins de raconter une histoire de Boscoville aux accents particulièrement vibrants.
Ces entretiens individuels ont été réalisés en conformité avec les normes éthiques de l’Université de Sherbrooke. Afin de préserver la mémoire de Boscoville, les enregistrements seront prochainement versés dans la base de données numérisées du Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ). En vertu du formulaire de consentement signé par nos témoins, leur accès sera restreint et réservé uniquement aux fins de recherche. La consultation devra être autorisée par la professeure Louise Bienvenue.